Ni le quart de finale de la coupe du monde France-Allemagne, ni l’alerte météo de niveau 3, ni même les embouteillages pourtant nombreux n’ont dissuadé un public fourni de se presser, ce vendredi 4 juillet, aux portes de la salle Charles Trénet à Tain l’Hermitage. Cette soirée du Festival Saoû chante Mozart consacrée au répertoire maçonnique de Mozart a, en effet, attiré un public nombreux d’initiés et de profanes, d’habitués du Festival ou de curieux.
En ouverture de cette soirée, Bernard de Bosson a donné au public des clés de compréhension de la musique maçonnique de Mozart. Ancien PDG de Warner Music France, fondateur des Victoires de la Musique, il a été Grand maître de la Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra (GLTSO). Sa grande humilité l’a conduit à nier en introduction être un « fin connaisseur » de la musique maçonnique de Mozart, mais sa conférence – sa « planche d’architecture », diraient les francs-maçons – a démontré combien il maîtrisait parfaitement son sujet. Il a notamment rappelé que, depuis l’origine de la franc-maçonnerie, les travaux sont souvent ponctués par des accompagnements musicaux, exécutés du temps de Mozart par des Frères de la loge. Cette « colonne d’harmonie » devait beaucoup à la tradition des loges composées de militaires. Il a également montré combien le cor de basset et la clarinette étaient des instruments maçonniques par excellence au XVIIIe siècle, Mozart étant le premier compositeur à utiliser pleinement le potentiel de cet instrument extraordinaire qu’est la clarinette – améliorée par son frère en maçonnerie améliorée Stadler. Enfin, s’appuyant sur les travaux de Carl de Nys et de Jacques Henry – dont il a rappelé les liens étroits avec notre Festival – ainsi que sur son expérience personnelle, il a souligné à quel point le parcours maçonnique de Mozart était indissociable de sa foi religieuse : « La musique maçonnique de Mozart est présente partout dans son oeuvre. Il n’était peut-être pas encore maçon – il était comme on dit dans notre jargon un « maçon sans tablier » – et la vibration maçonnique de Mozart était tout simplement la manifestation de sa croyance profonde en Dieu ».
Le concert a parfaitement illustré le propos de notre conférencier. François Sauzeau, clarinette solo à l’Orchestre national de Lyon et ami de 25 ans du Festival (il jouait aux côtés de Philippe Bernold à Saoû en 1989 !), a en effet reconstitué le temps d’un concert une colonne d’harmonie semblable – à un musicien près – à celles que Mozart a pu entendre dans sa loge viennoise « L’espérance couronnée ». François Sauzeau a fait appel à des musiciens dont le talent n’a échappé à aucun auditeur : Pierre Cathelain (Basson – il joue régulièrement avec l’ONL et l’opéra de Lyon), Guy Laroche (Hautbois, ONL), Louis-Hervé Maton (Basson solo à l’ONL), Thierry Mussotte (Clarinette, ONL), Joël Nicod (Cor, ONL), Philippe Regana (hautbois, ENM de Villeurbanne), et Guillaume Têtu (Cor solo à l’ONL). Philippe Bernold, directeur artistique du Festival, a tenu à être présent pour ce concert : il a salué la qualité de l’ensemble ainsi constitué, et a chaleureusement remercié les musiciens et les chanteurs de leur présence amicale au Festival.
La première partie du concert a été consacrée à des oeuvres rituelliques, correspondant chacune à un degré du parcours maçonnique : l’Adagio canonique pour deux cors de basset et basson (3 instruments), l’adagio en si bémol pour deux clarinettes et trois cors de basset (5 instruments), et l’Ode funèbre maçonnique (7 instruments – 8 pour ce concert) qui a été interprétée pour la première fois lors d’une tenue funèbre maçonnique en novembre 1785. Chacune ce ces pièces a été soigneusement expliquée et replacée dans son contexte historique et musical par François Sauzeau.
La deuxième partie du concert a été consacrée à des extraits de la Flûte enchantée, magnifiquement interprétée par les musiciens. L’émotion a gagné la salle lorsque Hugo Peraldo (Tamino), Heather Newhouse-Peraldo (Pamina) et René Dassac (Zarastro) ont chanté trois des airs les plus célèbres de cet opéra. Enfin, le concert s’est achevé, dans une deuxième partie, par la sérénade n°11 en mi-bémol pour octuor à vent – une oeuvre non directement maçonnique, mais faisant directement écho aux propos de Bernard de Bosson.
L’après-concert s’est déroulé Fief de Gambert, au milieu des vignes. Il a été un grand moment d’amitié et de convivialité, en présence, notamment du maire de Tain l’Hermitage, du président de la Cave de Tain et du rédacteur en chef du Dauphiné Libéré. L’occasion, pour l’équipe du Festival, de rappeler l’attachement de « Saoû chante Mozart » au rayonnement du savoir-vivre drômois, et sa volonté de promouvoir . Mozart n’était-il pas un bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins. A n’en pas douter, Wolfgang Amédé se serait plu à Tain l’Hermitage !
David Colon
Crédits photos : Saoû chante Mozart
Je vois et j’entends, mon cher David, que les agapes ont été joyeuses pour les sens comme pour le palais. Bravo pour la conduite et la communication de ce beau festival. Et que la lumière de Mozart descende sur les âmes de Saoû! Mes amitiés. Hugo