La première raison de ma candidature à la direction de Sciences Po est évidente mais essentielle : je suis profondément et indéfectiblement attaché à cette institution. Je considère que je lui dois tout, d’abord en tant qu’ancien élève, puis comme enseignant permanent, chercheur, et enfin membre de son administration. A chaque étape de mon parcours, j’ai pu mesurer combien l’exigence et la tradition intellectuelles les plus rigoureuses peuvent s’accorder avec une vision, une ouverture, une ambition sans cesse renouvelées, tournées vers le monde et l’innovation. J’aime Sciences Po, non comme une icône intouchable de la formation supérieure française, mais bien comme une maison vivante que je connais intimement, aussi bien les hommes et les femmes qui la font vivre au quotidien que ses rouages et ses équilibres les plus subtils. C’est cette expérience, ma fidélité et mes convictions que je veux mettre au service de Sciences Po, à l’un des moments sans doute les plus cruciaux de son histoire.
Ma démarche repose sur une volonté forte : porter la voix de toutes celles et ceux qui œuvrent, chaque jour, pour la mission d’intérêt général de Sciences Po. Ils ont été trop longtemps privés de la possibilité de se faire entendre. Les résultats remarquables obtenus depuis dix ans, en termes d’enseignement, de recherche, de développement et de rayonnement international de la maison sont en effet le fruit d’un travail collectif des salarié(e)s, des enseignant(e)s, des étudiant(e)s, des chercheur(se)s et des Alumni. Ils ne sauraient en aucun cas être tenu(e)s collectivement responsables des dysfonctionnements constatés dans la gestion et la gouvernance de Sciences Po. J’entends clairement le faire valoir.
Enfin, j’ai la conviction que le choix du futur directeur ou de la future directrice de Sciences Po doit reposer sur une vision dynamique et courageuse. Pour préparer les jeunes générations au monde dans lequel ils agiront demain, j’entends promouvoir un projet intellectuel et éducatif à la fois exigeant et adapté aux réalités du monde contemporain. J’ai la volonté non seulement de mettre fin aux dysfonctionnements passés, mais aussi et surtout de garantir durablement une gestion et une gouvernance de Sciences Po exemplaires, transparentes et collégiales.
Ce projet a été nourri par mes nombreux échanges avec des étudiant(e)s, des enseignant(e)s, des chercheur(se)s, des cadres administratifs et des ancien(ne)s de Sciences Po. Il vise à rendre Sciences Po à celles et ceux qui le font vivre et avancer au quotidien. Il s’agit, sans trahir son indépendance, de faire plus que jamais de Sciences Po une « école ouverte », un laboratoire d’innovations pédagogiques et de recherche, et un acteur des mutations du monde éducatif. Sciences Po, à mes yeux, doit poursuivre son œuvre pour la diversification, la démocratisation et la transformation de l’enseignement supérieur et de la recherche, et au-delà de la société toute entière comme le pressentait déjà son fondateur visionnaire Emile Boutmy.
Sciences Po, bien entendu, doit préserver et consolider ce qui fait sa force et son originalité : son autonomie, son modèle éducatif, sa capacité d’entreprendre. Il doit en même temps résister à la tentation du repli sur soi. Je suis convaincu par conséquent de la nécessité d’adapter les statuts, la gouvernance et le fonctionnement de Sciences Po pour que les enseignant(e)s, permanent(e)s ou non, chercheur(se)s, CNRS ou FNSP, étudiant(e)s, salarié(e)s et Alumni soient tous désormais des acteurs à part entière de sa politique et de ses choix. C’est fort de ces énergies que Sciences Po pourra accomplir sa destinée d’université internationale de formation et de recherche de rang mondial.
Telle est mon ambition, telle est celle de toutes celles et de tous ceux qui font vivre et aiment Sciences Po.